Les miracles d’Al-Isrâ’ et Al-Mi`râj معجزات الإسراء و آل مي `راج
Il s'agit ici d'une collection de miracles que beaucoup de musulmans citeraient spontanément si l'on venait à leur demander un exemple de miracles du Prophète Mohammad - que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui.
C'est d'autant plus vrai qu'il y a une sourate (i.e. un chapitre) du Coran qui y est dédiée. Il s'agit de la sourate intutilée Al-Isrâ' et dont les quelques premiers versets font référence à cet évènement miraculeux. Le mot isrâ' signifie "voyage nocturne" et mi'râj signifie "ascension".
Le voyage nocturne en question, c'est le voyage que le Prophète Mohammad a fait entre La Mecque et Jérusalem en une nuit ! Et, l'ascension désigne son ascension de Jérusalem au ciel. Tout le long de ce voyage, le Prophète était accompagné par l'Archange Gabriel qui lui servait de guide et lui montrait de nombreux spectacles de l'Enfer et du Paradis. Gabriel avait mis à la disposition du Prophète une monture appelée al-bourâq (son nom est de la même racine que l'éclair) qui faisait des bonds gigantesques : elle posait ses pattes aussi loin que la vue portait ! Arrivé au plus haut des Cieux, le Prophète - que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui - put s'entretenir avec Dieu et c'est à cette occasion même que Dieu prescrivit les prières quotidiennes que les musulmans font (D'abord cinquante, puis sur les conseils répétés de Moïse - que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui, le Prophète obtint une réduction à cinq prières quotidiennes).
Nous n'allons pas nous étendre sur les choses mystérieuses que le Prophète a vu en cours de route et qu'il a relatées par la suite car cela sort du cadre de notre étude sur les miracles concrets/spectaculaires. Nous allons plutôt nous attacher à ce que les Mecquois ont vu de cette affaire et ce dont il ont témoigné. Le lendemain matin, de retour de son périple céleste, le Prophète décida d'annoncer publiquement ce qui lui est arrivé pendant la nuit.
D'après Abû Huraïrah - que Dieu l'agrée, le Prophète dit : "J'étais à Al-Hijr [1] et Qoraïsh m'interrogeait sur mon passage à Jérusalem. Ils m'interrogèrent sur certains détails du Temple Sacré (bayt al-maqdis) auxquels je n'avais pas prêté attention. Je sentis un énorme malaise comme je n'en avais jamais senti auparavant. Alors Dieu dévoila le Temple Sacré à mon regard et je répondis à toutes leurs interrogations".
Il convient de souligner que le Prophète ne connaissait pas Jérusalem avant ce voyage miraculeux et c'est ce qui justifie les questions que son peuple lui posa à propos de la ville car ils savaient pertinemment que Mohammad n'en avait pas une connaissance préalable.
Un autre récit donne un autre éclairage sur cet interrogatoire : Omm Hâni' - que Dieu l'agrée - dit : "Le Prophète - que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui - dormait chez nous la nuit où le miracle d'al-Isrâ' eut lieu. Je constatai son absence cette nuit là et je ne pus fermer l'œil de peur qu'un malheur ne lui soit arrivé. [A son retour], le Prophète m'expliqua : "Gabriel - que la paix soit sur lui - vint me voir, il me prit par la main et nous sortîmes de la maison. Devant la porte, je trouvai une monture entre la mule et l'âne. Il me fit monter dessus et nous partîmes.
Arrivés au Temple de Jérusalem, il me montra Abraham qui était de la même constitution que moi. Il me montra Moïse : il était basané et grand de taille avec des cheveux blancs, il ressemblait aux gens de Azd Shanu'ah (une tribu arabe). Il me montra Jésus, fils de Marie, il était blanc de teint avec un peu de rougeur. Il ressemblait à 'Urwah Ibn Mas'ûd Ath-Thaqafî. Il me montra aussi l'Imposteur [l'Antéchrist]. Borgne de l'œil droit, il ressemblait à Qotn Ibn 'Abd Al-'Ozzâ." Puis il me dit : "Je veux sortir raconter tout ce que j'ai vu à Qoraïsh." Je le retins par ses vêtements et lui dis : "Je t'en conjure, tu sais bien que ces gens te démentissent et je crains qu'ils ne te fassent du mal !" Il libéra ses vêtements de ma main et sortit. Il alla les voir dans leur lieu de rencontres et leur raconta son récit. Mut'am Ibn 'Adiyy se leva et lui dit : "Ô Muhammad, si tu étais aussi jeune que tu l'étais dans le temps, tu n'aurais pas dit une telle chose et resté impuni !" Un autre homme lui dit : "As-tu vu sur ton chemin des chameaux qui nous appartiennent à tel endroit ?" Le Prophète répondit : "Oui, ils ont égaré un chameau et sont actuellement à sa recherche." L'homme lui demanda : "As-tu vu le troupeau de mon cousin un tel ?" Le Prophète dit : "Oui, je l'ai croisé à tel endroit. Une chamelle rouge s'est cassé [un membre]. Ils avait un récipient d'eau que j'ai bu." Ils lui demandèrent de donner le nombre de bêtes dans le troupeau et le nom des bergers. Il répondit qu'il n'y avait pas fait attention puis il tomba subitement en sommeil. Il vit le troupeau devant lui et compta les bêtes et prit connaissance des bergers qui étaient avec le troupeau. Quand il se réveilla, il leur donna le nombre de bêtes dans le troupeau et leur dit que les bergers était Ibn Abî Quhâfah et un tel et un tel. Il leur dit aussi que le troupeau allait rentrer à la Mecque le lendemain de telle direction.
Le lendemain, ils attendirent à l'endroit indiqué et virent les chameaux arriver. Ils les interrogèrent et purent vérifier qu'un chameau s'était bien égaré. Ils interrogèrent le deuxième troupeau et vérifièrent qu'une chamelle rouge s'était cassé un membre. Ils les interrogèrent à propos du récipient d'eau. Abû Bakr Ibn Abî Qohâfah qui accompagnait le troupeau répondit qu'ils avaient bien un récipient et qu'il l'avait remplit lui même et qu'il ne savait pas qui avait bien pu la boire. Quand Abû Bakr prit connaissance de toute l'histoire il fit foi au Prophète et cru ce que le Prophète avait relaté. C'est depuis ce moment là qu'il fut qualifié d'As-Siddîq (i.e. celui qui croit).